The Center – Une ville laboratoire en plein désert
The Center for Innovation, Testing and Evaluation, dit The Center, est une ville-laboratoire d’une superficie de 52 km2 qui devrait voir le jour aux Etats-Unis sur le modèle des villes moyennes américaines d’aujourd’hui.
Elle comportera des routes, des autoroutes, des habitations, des commerces, une banlieue, une zone rurale et des localités satellites de petite taille. Seuls les habitants en seront absents…
Pegasus Global Holdings, à l’origine de ce projet, en collaboration avec les autorités de l’Etat du Nouveau-Mexique, prévoit un coût de construction de 200 millions de dollars. Les études de faisabilité sont en cours depuis 2011 et un accord a déjà été signé avec le gouvernement fédéral. La ville devrait être construite dans le désert du Nouveau-Mexique, soit dans le corridor Albuquerque-Santa Fe, soit près de Las Cruces, à proximité de la frontière avec le Mexique et le Texas.
Elle sera conçue pour coller le mieux possible à la réalité de fonctionnement d’une vraie ville. Son objectif sera d’être un lieu de recherche et d’expérimentation à ciel ouvert. Ce lieu permettra de tester les infrastructures d’énergies renouvelables, les réseaux électriques intelligents, les systèmes de gestion de la circulation, etc. La présence de reproductions de bâtiments anciens permettra de mesurer les bénéfices des nouvelles technologies appliquées à l’existant.
Bien d’autres essais y sont imaginables : tester la résistance et la durabilité des matériaux utilisés,tester les capacités des systèmes d’automatisation domestique, tester les nouveaux modes de transport ou de nouveaux véhicules. Les infrastructures devraient aussi être mises à la disposition des services de sécurité intérieure des Etats-Unis avec une zone d’accès limité et sécurisée…
Les instituts de recherche publics, les universités et les entreprises privées pourront louer ce laboratoire grandeur nature pour leurs activités de recherche et développement. L’objectif du PDG Bob Brumley est de créer la Silicon Valley de l’industrie scientifique en matière urbaine. 350 chercheurs devraient y travailler dès l’ouverture et le projet devrait créer 3 500 emplois.
Pegasus Global Holdings prévoit qu’une ville réelle se développera sur les terrains à proximité qu’elle sous louera pour héberger les chercheurs et les visiteurs. Cette « vraie » ville fournira les services urbains manquants à la ville laboratoire qui sera inhabitée.
On peut d’ailleurs se demander si l’absence d’habitants ne limitera pas la fiabilité des résultats obtenus. Les essais seront en effet menés grâce à des simulations informatiques. Mais seront-elles capables d’imiter les comportements humains ? Si elles peuvent reproduire l’aléatoire, elles ne peuvent pas exprimer le caractère subjectif, parfois irrationnel de nos conduites, comme une fringale nocturne, une crise d’insomnie ou le fait de délibérément griller un feu rouge… Pourrait donc se poser la question du développement possible de The Center vers un laboratoire habité avec toutes les interrogations éthiques que cela implique. Le projet en l’état actuel et l’investissement qu’il représente peuvent d’ores et déjà choquer quand on sait qu’au moins 700 000 personnes passent la nuit dehors chaque jours aux Etats-Unis…
Géraldine Brochon