Les Cahiers de la Ville Responsable

Le rôle des collectivités locales dans la politique culturelle

Le 100 peut accueillir artistes, professionnels et amateurs

D’UNE POLITIQUE CULTURELLE AU SOUTIEN ECONOMIQUE A LA VIE ARTISTIQUE

Le développement des équipements culturels a été un des axes majeurs des politiques publiques en faveur de la culture depuis le ministère d’André Malraux.
Cette politique reposait sur la notion de diffusion culturelle, sur la réduction des inégalités géographiques plus que sociales de l’accès à la culture. Mais le coût de fonctionnement des équipements, les conflits entre leurs directeurs, les élus locaux et les associations ont vite montré que la politique culturelle ne peut pas se réduire à une politique artistique fondée sur la puissance des œuvres d’art.

Avec l’arrivée des socialistes au pouvoir et la décentralisation, une nouvelle politique culturelle a vu le jour, basée sur la démocratisation de l’accès à l’art mais aussi sur l’égalité de toutes les formes et pratiques artistiques.

Aujourd’hui, les collectivités locales sont les premiers financeurs de l’activité culturelle en France. Les politiques culturelles locales ont longtemps été des déclinaisons territoriales des systèmes d’intervention de l’état. Mais, si l’état se désengage, avec notamment des moyens en baisse pour la création artistique dans la loi de finances 2010, « Qui devient le chef de file ? » (Jean-Claude Lartigot, «Recomposer les politiques culturelles avec les agences régionales », in site web de L’Observatoire, octobre 2010)

En 2004, Philippe Urfalino faisait le constat de l’épuisement de cette notion française de « politique culturelle » initiée par André Malraux et développée par Jack Lang, au plan national comme au plan local. «La politique culturelle n’est plus, vive le soutien public à l’économie de la vie artistique ! ».

L’EMERGENCE DE NOUVEAUX LIEUX CULTURELS

La maison Folie de Wazemmes

En parallèle de la politique culturelle institutionnelle, de nouveaux lieux ont émergé dans les années 1990, nés pour la plupart d’initiatives d’artistes ou d’acteurs culturels, hors des programmes nationaux. Ce type de lieu, comme Mains d’œuvres à Saint-Ouen, les maisons Folie à Lille, La Friche La Belle de Mai à Marseille, marquait ses distances avec le système de politique culturelle habituel.
Ces expériences placent l’artiste au cœur du processus, les publics ne sont plus des consommateurs culturels mais des partenaires associés à la démarche de création.

Se saisissant de ces initiatives, les collectivités locales tendent de plus en plus à fonder leur politique culturelle sur des principes d’aménagement du territoire, d’animation des quartiers, de création d’emplois et non plus sur une visée purement artistique, ceci en cohérence avec les rapports de proximité qu’entretiennent les élus avec les acteurs locaux.

UN NOUVEAU RAPPORT À LA CULTURE

L’utilisation de la rhétorique de la proximité dans la politique de la ville peut être analysée comme un espoir d’engager une dynamique d’implication citoyenne et de participation. Et pourtant, ce lien social qui permet de « vivre ensemble » ne se décide pas. C’est bel et bien la place laissée à l’initiative culturelle et artistique qui fait de ces lieux des espaces vivants et dynamiques.

Accompagner les porteurs de projet, créer des passerelles entre les différents acteurs de la culture, mettre en place des mesures tarifaires, des actions éducatives, développer les pratiques individuelles : telles sont les actions vers lesquelles les collectivités locales se tournent. Il s’agit de sortir des logiques d’établissement pour des logiques de territoire, de lier la culture aux autres enjeux municipaux. Tout cela, dans le cadre favorable de démarches artistiques souvent en position de questionner la ville, et ses habitants. Réinscrire la culture au coeur des problématiques de développement local et lui reconnaître une vraie fonction transversale : c’est en cela que le rôle des collectivités peut être déterminant pour accompagner les projets.

Emilie Walker

En savoir plus : Article complet disponible dans la version papier du 4ème numéro des Cahiers de la ville responsable