Les Cahiers de la Ville Responsable

Le stade dans la ville – Episode 2 – La force du symbole

Nouveau pôle de centralité dans la cité, le stade est un lieu de récréation pacifiée depuis la renaissance de l’olympisme par Pierre de Coubertin, le symbole est d’autant plus fort lorsque son usage est détourné (JO de Berlin, Vél d’Hiv’) ou qu’un drame s’y produit (Heysel, Hillsborough, Furiani).

Un lieu d’affirmation politique

il est, de par sa place dans l’imagerie populaire, un fort enjeu pour la récupération politique, que ce soit pour son image de force et de vitalité (le plus grand stade du monde est le stade May day de Pyôngyang, 150 000 places) ou par le symbole de sa conquête. La volonté politique du régime des Colonels n’a pas été étrangère à la victoire de l’équipe d’Argentine à domicile lors de la coupe du Monde 1978.

Un lieu miroir de la société

Le stade est un enjeu de politique intérieure car il est le reflet du climat social (même si les médias peuvent parfois exagérer voire créer des phénomènes sociaux). Deux exemples peuvent illustrer cette tendance : la lutte contre le hooliganisme dans les stades anglais dans les années 80, fut considérée comme le miroir des tensions sociales sous le gouvernement Thatcher ; à l’inverse, la France Black-Blanc-Beur portée aux nues lors de la victoire des Bleus en 1998 pendant une période de croissance économique. Plus récemment en France, les phénomènes d’incivilité (envahissement de la pelouse lors de France-Algérie, ou la Marseillaise sifflée lors de France-Tunisie) ont pris une ampleur médiatique et politique jamais atteinte précédemment, ce qui donne un exemple concret de la résonance possible de rencontres sportives en dehors d’une compé- tition officielle.

Un lieu miroir de l’économie

Lieu d’enjeux sociaux, politiques, le stade est aussi un lieu d’enjeux économiques forts. Plus personne ne s’étonne des projets démesurés qui naissent pour des événements sportifs certes planétaires, mais extrêmement éphémères. Les stades actuels font partie intégrante d’un phénomène de métropolisation des grandes villes. Dans un souci d’attractivité, ils représentent un atout essentiel de marketing institutionnel et d’aménagement du territoire.

Stéphane Pinguet

A suivre la semaine prochaine: Du stade au complexe sportif